La biodiversité est essentielle à la résilience et à la prospérité de notre planète, et pourtant, elle ne s’est jamais aussi vite dégradée. Que peut-on faire pour laprotéger ?
Le 22 mai est la journée internationale de la diversité biologique. Le thème choisi cette année « Reconstruire la biodiversité » souligne l’importance de mettre en place des mécanismes de financement efficaces pour les projets de conservation et de restauration. Le moment est critique, ’il est urgent d’accélérer la mise en œuvre des initiatives dans le cadre des objectifs du Cadre mondial de la biodiversité de Kumming-Montréal.
Nous venons de nous associer à CreditNature, une entreprise qui mesure les impacts positifs des initiatives dédiées à l’ensauvagement et à la restauration de la nature. Nous travaillons également en étroite collaboration avec de grands spécialistes de la biodiversité qui analysent son évolution dans le cadre des projets de finance carbone consacrés à la nature. C’est en mettant en place ce genre de partenariats que nous contribuerons aux objectifs du Cadre mondial de la biodiversité.
La TOKENISATION POUR LA RESTAURATION DE LA BIODIVERSITÉ
CreditNature est une entité créée par Ecosulis en 2022. Elle a défini un cadre, baptisé « Natural Asset Recovery Investment Analytics » (NARIA), afin d’analyser les investissements dans la restauration des ressources naturelles. Elle utilise les dernières technologies pour mesurer et noter l’intégrité ainsi que la résilience d’un écosystème. Elle s’appuie sur plusieurs sources de données dont elle évalue la qualité ; elle collecte notamment des données sur la biodiversité à partir d’enquêtes sur le terrain et d’images de satellites ou de drones. CreditNature travaille ensuite avec des gestionnaires fonciers et s’accorde avec eux sur des méthodes pour renforcer l’intégrité de l’écosystème et démontrer le gain pour la biodiversité. Une fois l’accord trouvé, l’entreprisedélivre un « Nature Impact Token », représentant la valeur numérique de l’investissement ainsi que le gain associé pour l’écosystème et la biodiversité.
La tokenisation permet de suivre, quantifier et vérifier efficacement les impacts d’un investissement : plusieurs indicateurs sont réunis dans un tableau de bord conforme à l’approche LEAP (évaluation des risques et des opportunités) du nouveau groupe de travail sur les divulgations financières liées à la nature (TNFD). Les investisseurs et les acquéreurs de tokens peuvent suivre la progression de leurs investissements et communiquer sereinement sur leur impact positif sur la biodiversité.
Cette solution encourage et favorise le financement des projets d’ensauvagement tout en veillant à la crédibilité, à la transparence et à la sécurité des investissements. À ce jour, huit projets sont actuellement en phase de développement avancé au Royaume-Uni (représentant au total plus de 8000 hectares), tandis que des projets pilotes sont en cours de montage en Afrique ainsi qu’en Australie. CreditNature travaille actuellement avec le gouvernement écossais sur la mise en place d’un marché de crédit volontaire en faveur de la biodiversité. Il s’agit de réunir les 20 milliards de livres de fonds qu’il manque aujourd’hui au pays.
RENFORCER LA BIODIVERSITÉ GRÂCE AUX PROJETS DE FINANCE CARBONE
Les projets de finance carbone contribuent surtout à éviter et réduire les émissions dans le monde. Mais nombre d’entre eux participent également à préserver et restaurer la biodiversité ainsi que les écosystèmes naturels grâce à la norme Climate, Community and Biodiversity (CCB) ; cette norme a pour vocation de démontrer l’amélioration des conditions de vie chez les populations locales ainsi que les progrès au niveau de la conservation de la biodiversité.
Un projet REDD+ mené au Brésil a permis de conserver plus de 100 000 hectares de forêt vierge amazonienne et de protéger les écosystèmes naturels où vivent des espèces menacées ou vulnérables. Le projet carbone contribue à sauvegarder 16 espèces menacées ou vulnérables selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Il s’agit notamment du singe laineux, du singe Vervet et du Tamarin Goeldi. Cette initiative permet aussi aux spécialistes de la biodiversité d’observer l’Ara Macao, les dauphins de l’Amazone, les singes-écureuils ainsi que les grands hérons blancs de la région. La proximité avec d’autres forêts intactes renforce l’interconnexion de l’habitat, un élément essentiel aux écosystèmes florissants.
L’implication des peuples indigènes et des populations locales, les gardiens de la nature, fait partie des piliers de la norme CCB. Leur contribution est cruciale si l’on veut intégrer les bonnes pratiques et les connaissances locales. Les efforts n’en seront que plus efficaces pour mettre en place des mesures de protection durable à long terme et fournir des sources de revenus supplémentaires.. C’est en soutenant les moyens de subsistance et en collaborant avec les populations qui vivent sur place et qui dépendent de cet écosystème que l’on pourra en protéger et en restaurer la biodiversité.
Le projet REDD+ au Brésil a permis d’accorder des titres de propriété aux familles locales et de lancer de nouvelles initiatives pour lutter contre la déforestation, à l’instar des formations agricoles (rotation des pâtures, transformation artisanale du poisson, culture durable des fruits et légumes). Le programme a également soutenu la construction de centres médicaux, de cliniques dentaires et de nouvelles salles de classe dans les écoles de la région. Dans l’ensemble, le projet multiplie les impacts en faveur de la préservation de l’environnement et promeut des moyens de subsistance durables.
Face aux défis d’un monde en pleine mutation, chaque effort compte. Ensemble avec les gouvernements, les entreprises et les populations locales, nous pouvons restaurer des écosystèmes, protéger des espèces menacées et modeler un futur où la biodiversité pourra à nouveau s’épanouir. Nous devons saisir l’opportunité de reconstruire le délicat équilibre naturel si nous voulons transmettre une planète durable et résiliente aux générations à venir. Il est temps d’agir maintenant. Ce que nous ferons aujourd'hui déterminera la biodiversité de demain.
700 milliards de dollars par an
d’investissement seront nécessaires pour atteindre les objectifs du Cadre mondial de la biodiversité (ONU)
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