Mesurer la biodiversité : le besoin d’un indicateur commun

Publié 10 mai 2023

Il y a encore tant à découvrir sur la richesse de la biodiversité sur notre planète. Nous avons juste gratté à la surface en identifiant 1,6 million d’espèces, puisqu’il y aurait encore 84 % d’espèces à découvrir et à identifier d’après les estimations (The Royal Society).

La biodiversité est menacée, donc nous aussi, ainsi que notre monde moderne. Les entreprises commencent tout juste à comprendre leur empreinte sur la biodiversité, leurs impacts et leurs dépendances, grâce à des initiatives plurisectorielles. Cela comprend le groupe de travail sur les divulgations financières liées à la nature (TNFD) ou du Science-Based Targets Network (SBTN).

Le marché volontaire de la biodiversité est en train de devenir un mécanisme qui encourage les entreprises, gouvernements et individus à financer des projets de biodiversité avec des fonds privés. Contrairement au marché volontaire du carbone basé sur les émissions de carbone qui a défini une unité concrète (1 tonne de CO2e), il n’existe pas encore de consensus autour de la mesure de la biodiversité, tant sa variété est vaste et complexe. Des unités de mesure sont peu à peu mises en place afin de nous permettre d’évaluer les impacts positifs sur la biodiversité et les écosystèmes naturels de manière précise et fiable.

LA BIODIVERSITÉ EST COMPLEXE À MESURER

La biodiversité est incroyablement diverse, à la fois en termes de nombre d’espèces et d’interaction entre elles et avec leur environnement. Elle englobe un large panel de populations, d’espèces, d’habitats et d’écosystèmes en constante évolution et mutation. Dans le but d’établir une approche qui aura un impact positif évolutif, les équipes analysent actuellement la « toile de la vie ». Il s’agit de proposer un indicateur qui mesurera une fraction de la biodiversité la plus grande possible dans un écosystème défini au fil des années.

Il est extrêmement compliqué de trouver une unité de mesure pour résumer la biodiversité dans son intégralité. La question de mettre en place un seul indicateur suscite d’ailleurs des débats, tant la biodiversité n’est pas un milieu statique. Chaque écosystème étant unique et dynamique, chaque projet de préservation et de protection le sera logiquement lui aussi. Il est tout aussi complexe et tout aussi fascinant d’évaluer la beauté de la nature. C’est pourquoi nous nous sommes associés à des experts en la matière pour accélérer les travaux sur la mise en place de la bonne approche concernant la mesure de la biodiversité.

Richard Young est directeur technique (de la biodiversité internationale) chez Nature Positive, les spécialistes de l’analyse de la biodiversité à l’échelle de l’entreprise appartenant à notre partenaire de longue date RSK. D’après lui : « Quand on connaît l’état de la nature dans le monde, les entreprises doivent comprendre leur impact et leur dépendance vis-à-vis de la biodiversité afin de changer leurs pratiques et de réduire les risques. Pour mesurer la biodiversité, il faut mettre en place un processus à la fois solide et accessible, que les entreprises et les autres acteurs pourront utiliser pour suivre et mesurer le changement avec efficacité. Mais la quête de la bonne méthode de mesure ne doit pas empêcher la mise en œuvre d’actions immédiates là où on en a désespérément besoin. »

PRINCIPALES UNITÉS DE MESURE

Il existe plusieurs cadres qui utilisent une série d’indicateurs pour évaluer l’état de la biodiversité dans un écosystème donné. Ils fournissent des orientations pour mesurer le déclin de la biodiversité, l’impact positif et les risques. Ils s’appuient notamment sur le Global Biodiversity Score, le groupe de travail de la Biodiversity Credit Alliance, l’indicateur STAR (Species Threat Abatement Restoration) de l’IUCN, l’indicateur Biodiversity Net Gain metric au Royaume-Uni et le Biodiversity Metric 4.0 de Natural England.

Voici quelques-unes des principales unités de mesure utilisées par ces indicateurs :

  • La richesse des espèces quantifie tout simplement le nombre d’espèces différentes dans un écosystème donné. Elle fournit une connaissance basique du nombre d’espèces présentes.
  • L’abondance des espèces mesure la taille des populations des différentes espèces dans un écosystème.
  • Les espèces menacées mesurent le risque d’extinction d'une espèce ou d’une série d’espèces.
  • La régularité des espèces mesure la répartition des individus entre les différentes espèces au sein d'un écosystème et évalue les proportions relatives ou l’équilibre entre les espèces présentes.
  • L’intégrité de l’écosystème se concentre sur l’état de santé général, le fonctionnement et la résilience d’un écosystème. Elle mesure la capacité d'un système à conserver sa structure, ses processus et sa biodiversité tout en résistant et en récupérant des perturbations ou changements environnementaux.

    Même si ces unités de mesure peuvent se chevaucher, elles représentent les différentes techniques possibles et proposent des perspectives supplémentaires pour la compréhension et le suivi de la biodiversité à long terme. Leur intégration permet de réunir un tableau plus complet sur l’état et l’intégrité d’un écosystème.

    QUELLE EST LA SUITE POUR LES ENTREPRISES ?

    Les gouvernements, les entreprises, les établissements financiers et les citoyens concernés commencent à agir pour lutter contre le déclin de la biodiversité et, logiquement, réduire notre impact négatif sur la nature.

    Nature Positive organise des évaluations et des analyses de l’impact et de l’empreinte sur la biodiversité. Ses experts évaluent les sites de l’entreprise, ses activités, ses matières premières, sa chaîne logistique ainsi que ses pressions environnementales dans le but de déterminer son impact majeur, mais également ses dépendances vis-à-vis de la nature. L’évaluation établit les risques liés à la biodiversité au sein de l’entreprise, ainsi que les opportunités et les actions recommandées.

    Richard Young déclare : « Nous conseillons aux entreprises de commencer à agir dès maintenant si elles veulent comprendre et réduire leur impact négatif sur la nature. Contrairement au carbone, l’analyse de l’empreinte ne se résume pas à un simple chiffre. Il s’agit plutôt de déterminer une série d’impacts par type et par ampleur, les systèmes naturels dont dépend l’entreprise ainsi que les actions prioritaires. L’examen des impacts et des dépendances vis-à-vis de la nature tout au long de la chaîne logistique constitue l’une des parties les plus complexes de l’évaluation, à l’instar de la mesure des émissions de carbone de Scope 3. »

    La biodiversité n’est pas un milieu statique ; elle évolue constamment. Mais malgré ces défis, il est essentiel de mesurer et de surveiller son état si l’on veut s’occuper de ses pertes et de ses gains. Grâce à une approche plus complète et plus harmonisée, aux recherches continues et à l’innovation, nous développerons de meilleurs outils et de meilleurs indicateurs. De quoi permettre aux entreprises d’investir dans des projets de préservation et de restauration pour, non pas survivre, mais s’épanouir sur une planète redevenue florissante.

    Written By

    Kirsty Schneeberger

    Responsable des partenariats

    Kirsty dirige nos travaux sur la biodiversité et le carbone bleu au sein de notre nouvelle équipe de développement produit. Kirsty a été auparavant présidente d'une fondation consacrée à la biodiversité ; elle a travaillé pour l’ONU dans le cadre de la COP21 à Paris et de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20, dirigeant les travaux dédiés aux engagements des parties prenantes pour l’ancien ministère de l’énergie et du changement climatique britannique et des ONG, notamment le WWF britannique.

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    avec la participation de :

    Richard aide les entreprises à évaluer leur impact ainsi que leurs dépendances vis-à-vis de la biodiversité, mais aussi leurs stratégies en matière de biodiversité et leur action « Nature Positive ». Auparavant, Richard a travaillé dans le secteur de la préservation internationale de la nature. Spécialiste du suivi et de l’évaluation de l’impact sur la biodiversité, il a publié plus de 70 articles dans des revues scientifiques et maîtrise parfaitement le terrain pour avoir étudié tout un éventail de biomes et d’écosystèmes.